Lieu sacré dès la plus haute époque, les vestiges d'un dolmen semblent avoir été utilisés pour les fondations. Plus tard, les Romains y rendirent un culte à Mercure. Au Xème siècle Gotescalc, l'évêque du Puy, fit ériger la chapelle dédiée à Saint-Michel au retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, pour accomplir un vœu. Inaugurée en 972, elle consistait, à l’origine, en une chapelle quadrangulaire dotée de trois absidioles. Au milieu du XIème siècle, l’édifice fut agrandi par l’ajout à l’ouest d’un clocher, inspiré de celui de la cathédrale du Puy, et d’une nef. Plus tard enfin, à la fin du XIème siècle, l’absidiole sud fut démolie pour, d’une part, faire place à une construction à l’usage du prêtre desservant, et d’autre part, réunir, en un édifice d’un seul tenant, la chapelle quadrangulaire primitive et la nef nouvellement ajoutée.
L’église possède, à l’est, un portail orné d'un arc polylobé d'influence mozarabe. La façade faite d'une mosaïque de pierres noire, grise, rouge et blanche date du XIXème siècle pour le bas et du XIIème pour le haut. On peut y admirer saint Jean, la Vierge Marie, le Christ, L'archange saint Michel et saint Pierre sculptés dans la pierre au-dessus du portail trilobé. Le porche situé derrière ce portail, et couvrant sept marches supplémentaires, conduit à une façon de déambulatoire semi-elliptique, qui, s’appuyant sur des colonnes monolithiques, entoure une petit vaisseau central voûté en berceau. Quant à l’oratoire carré primitif, il se présente, à droite du porche, comme un étroit réduit carré surmonté d’une voûte en arc de cloître et orné de fresques du Xème siècle, restaurées en 2004, dont un Christ en majesté au haut de la voûte et une série de figures auréolées en contrebas. Derrière une grille, on peut admirer aussi un trésor découvert lors des travaux de restauration en 1955, comprenant un christ reliquaire, un coffret en ivoire byzantin du XIIème siècle et un autre reliquaire du XIIIème. Les vitraux furent remplacés lors de ces mêmes travaux.
La chapelle est entourée d'un chemin de ronde qui permet une jolie vue sur la ville du Puy avec sa cathédrale Notre-Dame et sur le vieux pont à redents franchissant la Borne. Un fragment de l'inscription SATOR retrouvé dans la Chapelle Saint-Michel d'Aiguilhe, est conservé au Musée Crozatier (Le Puy en Velay). À proximité de la Chapelle Saint Michel, sur la place du Temple de Diane, une reproduction de ce document historique est proposée au public. Ce symbole de l'Empire romain est présent également dans d’autres édifices religieux : à la Basilique Saint-Rémi (Stenay), à la Cathédrale de Sienne (Santa Maria Assunta), ainsi que dans de nombreux châteaux dont certains étaient fréquentés par les Rois comme le château de Loches ou le château de Chinon. Nautilus démontre de façon documentée que l'exemplaire retrouvé à Pompéi sur l'une des colonnes de la Palestra Grande en 1936 a conservé la trace (triangle-rectangle) ensevelie avec lui sous les cendres du Vésuve (24 août de l'an 79 après J.-C.).
La complexité du système de voûtes de l'art avec lequel les architectes ont su tirer parti du terrain. Les colonnettes, qui dessinent comme un déambulatoire autour d'une courte nef, sont surmontées de chapiteaux sculptés. La voûte de la petite abside est décorée de peintures murales du Xème siècle. A droite, une vitrine abrite des objets d'art trouvés sous l'autel en 1955 et notamment un petit Christ reliquaire en bois du XIème siècle et un coffret en ivoire byzantin du XIIIème siècle. Un chemin de ronde contourne la chapelle, d'où l'on domine, à l' Est, le vieux pont à redents qui enjambe la Borne.
A la fin du XIIème siècle, devant l’affluence des pèlerins, la chapelle primitive fut agrandie par une nef déambulatoire qui épouse la totalité du rocher. Au cours de la même période, l’entrée qui était jusque là à l’ouest fut déplacée au sud-est, une tribune fut aménagée reliant ainsi les deux constructions. Durant cette campagne, la chapelle reçut un portail d’entrée polychrome et trilobée. Au XIXème siècle, ce dernier fut restauré, le linteau original fut déposé puis refait à l’identique. Le clocher fut bâti au XIIème siècle, à l’ouest sur le modèle de la cathédrale. Il fut foudroyé en 1245. Sa reconstruction s’effectua à l’identique dès le XIVème siècle, et restauré au milieu du XIXème siècle.
LE ROC ET SON ESCALADE AVANT GOTESCALC
De ce texte de 961 on a inféré qu’avant la fondation de Saint-Michel le rocher était escaladé, à l’occasion, par des hommes très agiles. C’est assurément une des plus anciennes attestations écrites d’une activité de ce type, qui devrait en logique attirer sur Aiguilhe la considération des varappeurs et alpinistes. Le problème est l’interprétation de cette donnée peu développée. Faut-il comprendre qu’exceptionnellement de jeunes fous avaient tenté l’escalade ? Ou que celle-ci avait un caractère plus organisé, éventuellement depuis longtemps ? Cérémonie de passage pour la jeunesse masculine des environs ou de plus loin, élément d’un culte païen sur le site ?
Il n’est guère possible de se prononcer, mais le caractère extraordinaire du rocher a invité les auteurs qui ont abordé ce sujet à affirmer qu’il avait dû accueillir une sorte de culte, comme on dit, naturiste, bien longtemps avant sa dédicace à l’archange.
On a également avancé anciennement que la chapelle elle-même, au sommet du rocher, remplaçait un lieu de culte antique ; mais cela supposerait une accessibilité que justement contredit ou du moins minimise l’acte de 961...
LE CULTE A SAINT-MICHEL
Les constructeurs et les peintres n’ont pas manqué de représenter l’archange en bonne place dans les compositions figurées, soit dans la façade romane, soit sur les peintures murales du petit chœur central de la chapelle où il est entouré de deux séraphins pourvus de deux paires d’ailes. Mais là n’était pas le principal support du culte : une statue de saint Michel, non datée, fut conservée dans la chapelle jusqu’en 1562, où les protestants la détruisirent. La dédicace à saint Michel a pu faire donner une importance particulière à certains événements qui ont affecté la chapelle, comme l’atteinte de la foudre sur son clocher en 1245. Elle a dû, en bonne logique, mener à solenniser la chapelle Saint-Michel le 29 septembre. Mais les traces écrites sont rares jusqu’après la Révolution.
Il y a quelques éléments, sur l’intégration de la chapelle au sommet du rocher et des autres chapelles à des circuits proposés aux pèlerins de la cathédrale, mais peu sur une liturgie propre, sur le culte même de saint Michel et de ses saints compagnons révérés sur le site....
LÉGENDE
Le saut de la Pucelle Une autre donnée légendaire est attachée au lieu depuis une date ancienne. Médicis évoque rapidement plus qu’il ne raconte l’histoire, très classique ou, pour mieux dire, typique. Une pucelle est accusée d’inconduite. Pour prouver son innocence, en une période caractérisée par des châtiments probatoires, type “jugement de Dieu”, on la jette dans le vide du haut du rocher (ce qui suppose celui-ci accessible, donc l’escalier déjà ménagé). Elle en réchappe sans inconvénient, démontrant sa pureté. Elle en réchappe même deux fois, car on lui a demandé une confirmation. Infatuée, elle se laisse persuader de recommencer par gloriole, et y laisse la vie...
DÉTAIL DE LA VISITE
L'espace Saint-Michel Un lieu d'exposition et de projection, situé au pied du Rocher, dans une ancienne ferme restaurée, l’Espace Saint-Michel informe les visiteurs sur les représentations de saint Michel en Haute-Loire et en Europe. Le film "le Feu et la Foi" participe à la découverte et la compréhension du site...
L'espace Gotescalc
En souvenir de Monseigneur Gotescalc, 1er évêque, pèlerin Français vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Au dessus de l'oratoire Saint-Gabriel se trouve la salle Gotescalc. Elle porte le nom du premier évêque pèlerin vers Saint-Jacques de Compostelle parti du Puy en Velay en l’an 950...
La façade de la Chapelle La plus grande façade sculptée du Velay, "une espèce de bijou d'architecture" selon Mérimée. Les travaux effectués au XIIème siècle dans la Chapelle Saint-Michel comportèrent, outre l'agrandissement du monument, la mise en place d'un important décor sculpté. Celui-ci se retrouve sur les chapiteaux, à l'intérieur de la Chapelle, et sur la façade considérée autrefois comme un véritable "hiéroglyphe". Sculptée dans de l'arkose de Blavozy, elle présente un décor d'incrustation de marbre, de briques rouges et de pierre de "La Dentelle" noir-bleutée...
Les peintures murales
Des décors de qualités exceptionnelles, magnifiquement relevés lors des dernières restaurations. L’étude réalisée par le Groupe de Recherches sur la Peinture Murale en 2010 présente les différentes campagnes de relevés et de restaurations sur les peintures murales de la Chapelle Saint-Michel.
Parmi ces grandes périodes de travaux, il faut citer l’intervention du peintre Anatole Dauvergne, en 1851, qui a constitué un commentaire de 36 pages manuscrites et de 35 feuilles portant sur 64 aquarelles. Autre exemple, les deux interventions du peintre, Marcel Nicaud, en 1851-1852 et en 1962 quelques semaines avant les célébrations du millénaire...
Le trésor de l'Autel
Des objets reliquaires cachés sous une colonne antique. Les travaux entrepris en 1955 pour la réfection de l’autel ont permis la découverte, à la base de la colonne, de vénérables reliques déposées lors de la consécration de l’autel ou pendant l’époque romane. Ces objets reliquaires sont conservés et présentés dans une vitrine qui se situe dans le chœur de la Chapelle Saint-Michel...
EXPOSITION(s)
Parmi les différents objets exposés à l'espace Saint-Michel, il faut citer le linteau original de la chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe déposé au XIXème siècle et cinq chapiteaux dont l’origine semble être la Chapelle Saint-Clair. Par ailleurs, il subsiste des chauffe-plats et un évier de pierre en très bon état de conservation...
ÉQUIPEMENTS ET SERVICES
- Aire de pique-nique,
- Boutique,
- Distributeur de boissons,
- Parking gratuit,
- Sanitaires,
- Salle de projection...
DATES ET HORAIRES DES VISITES
De début février à mi novembre (+ vacances de Noël).
Édifice classé au titre des monuments historiques en 1840.
■ Visite(s) conseillée(s)
• La Cathédrale Notre-Dame (Le Puy en Velay)
• Cloître de la Cathédrale Notre-Dame (Le Puy en Velay) • Le Musée Crozatier (Le Puy en Velay)
• Le jardin Henry Vinay (Le Puy en Velay)
• La ville du Puy en Velay
Mais aussi...
• L'espace nordique du Mézenc • L'espace nordique du Meygal
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