A cette époque, loin, très loin de nous, ni les romains, ni même les Gaulois n’avaient découvert les prodigieuses sources thermales qui jaillissent un peu partout en Auvergne, pour notre plus grand bien-être à nous
autres, pauvres humains sans cesse accablés de maux de toutes sortes.
Ces sources cristallines bouillonnaient secrètement dans le ventre opulent et démesuré de la Terre, là où le feu souverain liquéfie la roche pâteuse,
où le sang rouge de la lave irrigue puissamment ses entrailles profondes. En surface, seuls affleuraient ça et là, parmi l’herbe et les cailloux, quelques lacs miroitants. Dans le Massif des Monts-Dores (Massif du Sancy), sauvage entre tous, les habitants étaient rares et la nature triomphante. De
nombreuses roches, énormes et escarpées, parsemaient le paysage. Gardiennes fidèles de la Haute-Auvergne, elles dominent toujours fièrement pâtures, forêts, villes et villages.
Celle qui nous occupe aujourd’hui se dresse au-dessus de La Bourboule et porte un nom
symbolique : la Roche des Fées. Pourquoi ce nom ? Voici une légende qui va vous le confier. Savez-vous bien que, de nos jours encore, de multiples génies sont les gardes vigilants de la fournaise souterraine ? Sinon, comment expliquer que nos volcans, gants de pierre assoupis, puissent contenir en
leurs flancs redoutables les flots incandescents ? Oui, ce sont des génies, attentifs et dévoués, qui constamment les répriment de leur mieux. Qu’ils négligent, un instant leur tâche et le feu de la terre jaillira de nouveau !
Autrefois, ces génies étaient les
alliés des nombreuses fées de l’eau prisonnière sous les montagnes. Hélas, ces bienveillantes magiciennes ont toutes disparu de notre région. Un soir, en leur festin on les effraya, et elles fuirent à jamais. Mais, pour preuve de leur lointaine présence, la pierre grise de la Roche porte l’empreinte
de leurs assiettes, plats et gobelets et aussi l’immense poêle où elles cuisinaient, paraît-il, l’omelette. Ces traces, vous pourrez les voir sans peine, chaque Bourboulien est à même de vous les montrer.
En ces temps lointains, dans le Massif seules quelques
huttes de boue et de branchages abritaient une poignée d’humains. Les fées bien obligeantes protégeaient le Massif dans le secret le plus total...