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LES SOURCES SALÉES D'AUVERGNE
La mer en Auvergne
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La nature est parfois fantasque. Pourquoi a-t-elle justement choisi l'Auvergne pour y installer un petit refuge de faune et de flore maritimes ?... Pour mieux faire connaître la richesse de ce milieu unique dans le Massif Central, Le Conservatoire des Espaces et Paysages d'Auvergne a réalisé et édité un brochure, Sources Salées d'Auvergne, qui donne les clés de la compréhension et de la découverte de ces îlots marins en terre volcanique.
L'intérêt des sources salées, qui sont principalement concentrées en Auvergne suivant un ligne Nord-Sud passant par la capitale régionale, n'est pas négligeable. Au sein de cet environnement unique se développe une microfaune et surtout une flore que l'on ne retrouve que sur le littoral, ainsi qu'au cœur des prés-salés lorrains. Cette curiosité naturelle s'explique par le forte teneur en sel (chlorure de sodium) de l'eau qui sourd la terre. Lors des fortes chaleurs estivales, il est parfois possible d'observer la trace blanchâtre laissée par le sel après l'évaporation de l'eau. Mais ce phénomène est assez rare car la teneur de sel par litre, c'est-à-dire, très loin des proportions maritimes qui sont de l'ordre de trente-cinq grammes par litre.
Les sources fortement minéralisées sont communes en France et pourtant peu permettent le développement d’une flore vasculaire spécifique de type pré-salé. De fortes concentrations en chlorure et/ou en sodium et l’absence d’exploitation humaine sont en effet indispensables à l’installation d’une telle végétation. Or, beaucoup de ces sources sont utilisées depuis très longtemps (époque romaine pour certaines) pour la production de sel ou comme stations thermales notamment, et l’on a bien du mal à savoir à quoi elles ressemblaient avant d’être captées. En Auvergne, l’utilisation des sources minéralisées reste aujourd’hui encore une industrie active (embouteillage, artisanat - pétrification d’objets…) et les thermes sont nombreux (Vichy, Royat, Châtelguyon,
Le Mont-Dore,
La Bourboule, Saint-Nectaire, Néris les Bains,
Châteauneuf les Bains,
Chaudes-Aigues …). Sans compter de multiples lieux aujourd’hui abandonnés dont seule la toponymie locale témoigne encore de la présence du sel associée à l’eau d’une source ou d’une fontaine. Beaucoup de sources minéralisées sont donc captées, et les vestiges de captages, témoins de l’âge d’or de la limonade ou des soins thermaux, ne sont jamais bien loin. Aussi, la vision d’une source gazeuse sauvage, bouillonnant au milieu de l’herbe, étonne toujours. En l’absence du moindre bout de tuyau qui permettrait au promeneur de se raccrocher à un système connu, cette eau minéralisée semble tout à coup bien mystérieuse. Les grands marais salés de la plaine n’ont pas non plus échappé à l’exploitation. Ce sont les Gaulois qui les ont drainés les premiers, ils surent tirer parti des ressources agricoles et industrielles que leur offrait la région. Ils commencèrent le défrichement des forêts mais leur œuvre principale fut le dessèchement et l’assainissement des contrées marécageuses et incultes qui s’étalaient près de l’Allier sur le sol gras et argileux des Limagnes. Malgré ces interventions historiques, en 1968 l’agriculture n’avait toujours pas réussi à venir à bout des "selins" : à la suite de la mise en culture assez récente (1968) de secteurs jusqu’alors réservés aux prairies des observations ont mis en évidence, sur de faibles surfaces, mais en de nombreux points (soixante-dix sites d’observation), l’existence d’un type particulier de sol. Il ne reste donc aujourd’hui que des vestiges de ces sources et marais salés (une dizaine d’hectares répartis sur une vingtaine de sites), donnent un aperçu de ce que devaient être ces petits écosystèmes particuliers.
D’où vient ce sel ?
L’eau est issue des précipitations. La pluie s’infiltre profondément dans le sol en arrachant des minéraux aux roches traversées. Une partie du chlore pourrait venir du dégazage des chambres magmatiques. Le gaz carbonique proviendrait du manteau terrestre et le sodium des roches traversées. Mais pour les sources situées dans la plaine de Limagne, ce dernier peut également provenir de la rencontre entre l’eau et des couches salées sédimentaires profondes (Oligocène moyen, couche de sel entre - 782 m et - 1075 mètres). L’eau remonte ensuite par un réseau de failles, nombreuses dans la région, mais elle peut se diluer avec des nappes d’eau plus douce juste avant d’apparaître en surface. Sa composition et sa température changent alors. Certaines se mélangent par exemple avec la nappe alluviale de l’Allier. Au final, chaque source a une composition propre en fonction du chemin parcouru.
Fleurs de sel
Le "glaux" maritime, une plante qui profite des
eaux salées des
sources d'Auvergne |
Le plus étonnant est la présence, autour de ces sources, d'une flore dite halophile
(halo : sel et phile : qui aime). Cette flore rencontrée ordinairement en bord de mer, est constituée de
plantain, de glaux maritime, de spergulaire marginée, de
puccinelle à épis distants, d'agrostis à stolons, de carex à épis distants, de troscard maritime, de scirpe maritime ou encore de jonc de Gérard... liste bien évidemment non exhaustive. Cette présence demeure un mystère. Certains évoquent la renaissance des graines, âgées de trente millions d'années, lorsque la mer recouvrait la Limagne ; d'autres pensent que le vent et les oiseaux migrateurs ont servi de relais. Enfin, l'hypothèse de l'adaptation des plantes d'eau douce en milieu salé n'est pas non plus écartée. Ces plantes
halophiles ont su développer d'ingénieux systèmes pour vivre dans ce milieu salé difficile. Elles sont souvent de taille réduite et vivaces, ne disparaissant donc pas en hiver. Le plus important pour elles est de restreindre leurs pertes en eau. Pour ce faire, leurs feuilles et leurs tiges charnues sont recouvertes d'une sorte de tissu imperméable, limitant la transpiration. De plus, un système racinaire spécifique régule l'absorption du sel. Leur répartition autour des sources répond aux exigences précises des conditions écologiques : exposition, degré d'humidité ou de salinité Les plantes qui vivent autour des sources doivent accepter des sols fortement alcalins. Autour des sources minérales, les plantes se réfugient sur les rochers formés par les dépôts de calcaire (travertins), qui sont issus de la précipitation du gaz carbonique. Il leur faut alors supporter d’avoir les racines un jour dans l’eau, un autre à sec, en fonction des aléas des écoulements et tout cela avec un continuel dépôt de calcaire (pétrification), qui peut être très rapide (un an suffit pour former une nouvelle croûte de travertin sur une prairie). Les zones d’épanchement de l’eau permettent d’accueillir une originale flore vasculaire. Aujourd’hui, on recense treize plantes plus particulièrement halophiles en Auvergne. La présence de calcaire permet également le développement de plantes de bas-marais alcalins, moins originales, mais ce biotope est rare en Auvergne. Malgré le faible nombre d’espèces, les combinaisons floristiques diffèrent d’une source à l’autre. Sur les rares sites en bon état de conservation, la végétation se répartit en deux groupements principaux. Sur les sols les
plus salés, marneux et situés en climat sec, on observe un vrai pré salé dominé par une petite graminée, la puccinelle à épis distants (Puccinella distans). C’est le domaine de prédilection de la spergulaire marginée (Spergularia media) et des fleurs jaunâtres du plantain maritime. Sur les sols soit naturellement moins salés, soit dilués par de l’eau douce en provenance des ruissellements, soit dilués par les précipitations d’un climat plus montagnard, la végétation est alors dominée par le carex à épis distants (Carex distans), qu’accompagne une variété très rare de pissenlit, le pissenlit de Bessarabie (Taraxacum bessarabicum). Cette espèce des steppes salées orientales côtoie les fleurs roses du glaux maritime (Glaux maritima) et les fines tiges du jonc de Gérard (Juncus gerardi), espèces que l’on rencontre normalement dans les vasières au bord de l’océan Atlantique. On y trouve également des plantes
halotolérantes, notamment le troscart palustre (Triglochin palustre) et la fétuque élevée (Festuca arundinacea). Dans quelques sites de taille importante où il y a un gradient de salinité, ces deux types de végétation peuvent se rencontrer et former des ceintures. Pour les autres sites, la végétation est plus difficile à analyser : les petits sites (quelques mètres carrés) ont une
flore halophilenaturellement appauvrie et subissent un fort effet de lisière : la
fétuque élevée domine, les ceintures théoriques se mélangent. Si l’ombrage est trop important, c’est l’agrostis stolonifère (Agrostis stolonifera) qui occupe la place. Si le milieu s’assèche, le
plantain maritime reste le dernier témoin de la flore halophile. On peut également observer ponctuellement d’autres types de végétation : marais à
scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus),
roselière à phragmites, prairie à chiendent (Elytrigia sp.) et
Carex divisa, prairie à fétuque du Valais (Festuca valesiaca) et plantain maritime, zone de travertin dénudé.
La présence de sel ne permet pas le développement important des mousses habituelles des sources pétrifiantes calcaires, mais on y trouve quelques raretés : une
halophyte stricte, Hennediella heimii, présente également dans les prés salés de Lorraine et du littoral atlantique, une espèce des suintements d’eau minéralisée spécifique à l’Auvergne, Conardia compacta, et la très rare
Tortula cernua que l’on trouve parfois sur des sites industriels (boues d’épuration de saumure en Lorraine par exemple). La présence d’anciens travertins permet également l’installation de bryophytes calcaricoles peu fréquentes dans la région. Au total cinquante
bryophytes ont été recensées. Les sources permettent également la croissance de quelques espèces planctoniques, dont certaines sont typiques des eaux saumâtres. Une étude globale sur les eaux minérales d’Auvergne a permis de recenser 354 espèces et variétés de ces microorganismes. Un échantillonnage non exhaustif sur trois groupes de sources ayant autour d’elles une flore supérieure halophile a permis d’identifier 143
taxons de diatomées, petites algues microscopiques. L’originalité de la florule réside là encore dans la présence sur ces trois sites de treize espèces de milieux moyennement saumâtres. Parmi ces dernières, on peut observer trois taxons : Craticula halophila, Nitzschia apiculata, Nitzschia sigma. Les autres groupes d’algues sont très peu représentés. Pour les algues supérieures, on a noté une localité unique de Chara crinita dans une rigole à Saint-Nectaire en 1949. Comme la flore, la faune halophile s'épanouit autour des sources salées. Mais étant donné la petite taille des milieux salés auvergnats, cette faune n'est représentée que par certains insectes appréciant les zones maritimes. Coléoptères, punaises, libellules et criquets se cachent entre les feuilles et les tiges des plantes. Dans l'eau minérale salée, on trouve aussi des algues unicellulaires, des diatomées. Une seule et unique cellule enfermée dans une sorte de boîte symétrique et richement décorée à l'image de la Cyclotella comta ou de l'Anomœneis sphærophora, pour les spécialistes. Bien évidemment invisibles à l'œil nu, ces algues maritimes prouvent la qualité de l'eau de ces sources...
La
faune
La faune est moins originale. Dans les années 1960, il a été observé, parmi le zooplancton, des copépodes halophiles dans un marais actuellement disparu. En 1996, des copépodes ont de nouveau été observés dans la source des Saladis (Martres de Veyre, Puy-de-Dôme) mais l’espèce n’a pas pu être déterminée. Chez les insectes, des six coléoptères halophiles signalés dans la littérature, un seul a été revu récemment (Bledius germanicus). Une punaise halophile prédatrice, Saldula pallipes, a également été observée en 1996. Une étude des sauterelles et criquets a montré que ce milieu pouvait accueillir des espèces qui, bien que communes, présentaient une originalité dans la formation d’un peuplement mélangé d’espèces montagnardes, xérothermophiles et (méso) hygrophiles. Au total, trente-cinq espèces peuplent les prés salés d’Auvergne, ce qui est assez important vu les surfaces prospectées (13 hectares). On notera particulièrement la présence de six espèces de criquets de la famille des tétrigidés sur les neuf que compte la faune de France. Ces espèces affectionnent la présence de sol nu à humidité variable, dans le temps et l’espace, formé par les dépôts continuels de travertin. Nul doute toutefois que ces sources n’aient pas encore livré tous leurs secrets.
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LES SANCTUAIRES
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Zoom au survol des images |
Source romaine de Bard à Coudes |
Le pré-salé près de
Saint-Nectaire |
Le pré-salé près de
Saint-Nectaire |
La Tête de Lion |
Retour aux sources
Trois hypothèses sont a priori possibles pour expliquer l’arrivée de la flore et de la faune : origine relictuelle, arrivée naturelle, introduction par l’homme. Le caractère relictuel semble peu probable car les modifications climatiques issues de la dernière glaciation n’ont pas un lien évident avec ce type de flore. L’arrivée naturelle est possible surtout pour les (anciens) grands marais salés de Limagne fréquentés par les oiseaux migrateurs, qui ont donc pu apporter des graines des halophytes du littoral.
Mais ensuite, la probabilité pour qu’une graine de
jonc de Gérard, à faible pouvoir naturel de dispersion, tombe sur une petite source de quelques mètres carrés située à 50 km reste tout de même minime. Même une colonisation de proche en proche semble difficile pour des milieux si petits ! Le déplacement des troupeaux domestiques a peut-être facilité la dispersion de la flore, notamment dans cette région où l’on pratique la transhumance des troupeaux de la plaine vers la montagne en été. L’origine anthropique ne peut pas être exclue pour certaines espèces qui n’ont qu’une station, comme le troscart maritime, situé qui plus est à proximité d’une ville thermale. La présence de cette espèce sur une autre source (commune de Joze) est issue d’un essai d’acclimatation effectué il y a soixante ans.
LE CEPA
Le Conservatoire des espaces et paysages d’Auvergne étudie et protège la quasi totalité de ces sources depuis dix ans. Dix-neuf sites sont concernés représentant une surface de 52 ha (zone salée et zone tampon). Le CEPA a ensuite mis en place une gestion conservatoire de ces milieux. Des travaux expérimentaux de restauration d’ancienne zone remblayée ont permis de retrouver les affleurements naturels de terre salée et leur flore spécifique, l’acquisition de terrains a permis de bloquer des projets de captage ou de remblaiement, des accords avec les agriculteurs ont été mis en place (pas de fertilisation, pas de pesticides, pâturage extensif). Des zones d’épanchement naturel de l’eau ont été recréées sur des sites où l’eau était captée. Une partie de ces sites de sources sont accessibles par des chemins ouverts au public. N’hésitez donc pas à venir les découvrir.
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