Sur les bords de l’Aspre, affluent de la Maronne, le moulin de la Fromental a retrouvé une nouvelle jeunesse depuis son rachat, en 1991, par Gilbert Maury : un nom occitan signifiant "terre qui produit la meilleure variété de blé, le froment". C'est ainsi qu'est nommé le moulin situé à la sortie de Fontanges, en direction du col de Légal.
Une revue des Prêtres filleuls du site, répertoriant les bâtis locaux, date le moulin des environs de 1430, époque où au moins quatre autres édifices similaires bordaient l'Aspre, sur la commune. Initialement appelé moulin de la Peyrade, il prit ensuite le nom du Fromentau (jusqu'en 1699). La véritable histoire connue du moulin date de 1833, lorsqu'il fut rénové par Pierre-Louis Gaillard, qui apposa son nom sur le linteau de la porte d'entrée. Il devint ensuite propriété de Pierre Lapeyre (fondateur des menuiseries d'Ydes), qui le revendit en 1873 à un sieur Chambon.
Le moulin ne tournait plus à cette époque et resta à l'abandon pendant plus d'un siècle, avant d'être acquis par Gilbert Maury. Il lui fallut près de dix ans pour redonner vie au site, aidé par son père, Pierre. Ce dernier ne pouvait rêver mieux et l'explique au cours de la visite. "Notre famille compte des meuniers sur quatre ou cinq générations !". Et de montrer, avec une fierté teintée de nostalgie, la photo du moulin de Mazerolles, sous Chambres, où il est né et ou œuvrait son père. La passion se découvre au fil de son discours et le visiteur s'aperçoit rapidement que l'on ne s'improvise pas meunier, que la fabrication de la farine ou de l'huile demande un véritable savoir-faire, ancestral.
Ce moulin date du XVème siècle. On trouve une trace de ce moulin dans des archives qui datent de 1599. Le nom de Fromentale n’est probablement pas le nom d’origine. Le nom d’origine de ce moulin était moulin de la Peyrade, expression trouvée dans des écrits de 1430. De plus, dans la vente Lapeyre-Chambon il est mentionné le pré de la Peyrade précisément situé entre la rivière Aspre et le canal d’amenée au moulin actuel.
C’est dans un tel moulin, en écoutant les commentaires du guide, que l’on se rend compte de la difficulté d’obtenir une belle farine. La lecture du livre d’Alain Belmont revient en mémoire. Moudre du blé constitue tout un art. On pourrait croire qu'il suffit d'écraser le grain entre deux pierres pour en extraire de la farine, alors que cette opération nécessite une grande habileté de la part du meunier. Les meules de son moulin doivent tourner à une vitesse et à un écartement bien précis, être souvent repiquées au marteau pour garder leur abrasivité. Surtout, elles ne doivent pas être taillées dans n'importe quelle pierre. Une roche trop souple ne ferait que déchiqueter le blé et donnerait un gruau dont on ne pourrait retirer le son; à l'inverse, une pierre trop dure transformerait la farine en une poussière difficilement panifiable, chargée en plus d'une huile empêchant sa conservation.
Enfin, les meules ne doivent pas s’user trop rapidement sous peine de ruiner leur propriétaire, puisqu'une seule de ces pierres équivaut au prix d'une maison au XVIII° siècle. La pierre idéale doit donc posséder plusieurs qualités contradictoires, être à la fois solide, dure et souple.
En langue d’Oc "La Fromentale" désigne la terre qui produit la meilleure variété de blé : le froment. Le moulin est établi sur une dérivation de l’Aspre, affluent de la Maronne.
Il fut rénové en 1833 par Pierre Louis Gaillard. Son nom est marqué sur le linteau de la porte d’entrée. Il fut vendu en 1869 à Pierre Lapeyre le créateur des usines de Ydes. Ce dernier ne le garda pas longtemps ; il le vendit en 1873 à M. et Mme. Chambon. Les descendants de cette dernière le revendirent en 1991 à Gilbert Maury. A partir de cette date, il appartint à la famille Maury. Il resta à l'abandon durant un siècle. De 1991 à 2000, donc sur presque une dizaine d’années, il fut remis en état principalement par Pierre Maury, le père de Gilbert. Vers 1870-75 le moulin s’arrêta de fonctionner mais le droit d’eau resta conservé par une location à la société locale de pêche qui développait un alevinage.
Aujourd’hui le moulin comprend deux ensembles de meules à farine en fonctionnement, d’un diamètre de 125 cm. L’un de ces ensembles, la tournante ou "courante" et la dormante ou "gisante", est complété par une bluterie : ensemble pour séparer le son de la farine et pour tamiser cette dernière. Une meule à huile et un pressoir très ancien sont toujours en place. En outre un trieur servant à calibrer le grain complète la salle de travail. Ce moulin peut fabriquer de la farine "type 65" c'est-à-dire tamisée sur une soie de vide de maille de 65 micromètres. Les meules, qui proviennent de la Société Générale des Meulières de France, à Nantes, sont affectées d’un numéro de matricule qui dans le cas présent n’a pas été relevé.
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Prise d’eau et départ du bief amont. Ici, la topographie permet de prendre connaissance d’un seul regard des canaux indispensables au fonctionnement du moulin. La chaussée constitue le barrage sur l’Aspre, affluent de la Maronne. Un pont très étroit et probablement ancien, franchit l’Aspre et se reflète dans l’eau calme de la retenue, dite aussi pessière. Observer le profil dissymétrique de la chaussée. |
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La roue "motrice" ou auget. Une originalité de ce moulin est de pouvoir observer ce qui est rarement visible: la trompe d’arrivée d’eau, le mécanisme d’ouverture de la vanne et la turbine avec son axe moteur. |
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A l’étage supérieur, sur le plancher, l’installation pour moudre le grain est cachée par une archure en bois. Cette archure est dominée par la trémie et le système d’alimentation des meules en grain. Un fer à cheval, bien visible ici, permet de soulever les deux meules lorsqu’elles ont besoin d’être repiquées. Le coffre, disposé à l’avant, abrite la bluterie. Deux axes verticaux sont visibles. L’axe blanc permet de régler l’espacement entre les deux meules. L’axe noir dépend de l’axe principal des meules ; il imprime à la tête du tiroir de bluterie un mouvement de va et vient ; cette agitation favorise le tamisage qui permet de séparer le son de la farine. Observer dans la salle de travail les instruments de propreté. |
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Vue latérale du compartiment de tamisage |
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Trieur pour calibrer le grain. |
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Meule d’écrasement des cerneaux de noix. Ici la meule était mobilisée, comme les deux meules à farines, par un rouet hydraulique.
La pâte était ensuite pressée. |
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Le pressoir à coins permettait d’extraire l’huile de la pâte de cerneaux préalablement écrasés. Le matériel écrasé, en dehors des noix, pouvait être les noisettes, le chanvre, l’œillette de pavot ou les faînes de hêtres. |
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VISITES
Sur Rendez-vous de mai à septembre de 14h à 18h.
RENSEIGNEMENTS
Association Régionale des Amis des Moulins d'Auvergne
Mairie - 63760 - Bourg Lastic
• Visite(s) conseillée(s)
• La ville de Mauriac (29 km.)
• La ville de Salers (6 km.)
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