L’Auvergne abrite 2162 plantes indigènes, assimilées indigènes ou bien naturalisées, et observées récemment. Il convient de rajouter à cet inventaire les plantes exotiques arrivées récemment, dont certaines posent problème en devenant invasives. Parmi l’ensemble de ces plantes, 16% sont considérées comme exceptionnelles c’est à dire présentes dans moins de 5 carrés de l’atlas de la flore d’Auvergne publié par le Conservatoire Botanique National du Massif Central en 2006. Parmi les espèces les plus remarquables, on notera quelques plantes endémiques du Massif Central comme la Jasione d’Auvergne et la Knautie du Forez, ou d’autres espèces dont les seules populations françaises se trouvent en Auvergne comme le Pissenlit de Bessarabie, le Saxifrage à feuilles d’Epervière.
On trouve bien sûr une grande diversité floristique au niveau des montagnes (Monts du Cantal, puy de Sancy, Mézenc), abritant une part importante d’espèces arctico-alpines comme l’Anémone soufrée, l’Androsace rosée, la Nigritelle, ou des plus rares comme le Saxifrage à feuilles opposées, la Renouée vivipare, le Pédiculaire verticillé. Parmi les cortèges remarquables figurent ceux des tourbières et leurs relictes glaciaires : Ligulaire de Sibérie, Saule des Lapons, Bouleau nain... Pour celles-là et bien d’autres, l’Auvergne abrite les plus importantes populations d’Europe occidentale.
Les coteaux de Limagne occidentale (de Riom à Langeac) accueillent un très important cortège de "méridionales" : Astragale de Montpellier, Chèvrefeuille d’Etrurie, Liseron de Biscaye... et même des cactus, acclimatés depuis des siècles ! Certaines plantes y ont leurs seules localités du Massif Central.
On retrouve également dans le Pays des Couzes au relief tourmenté, ainsi que dans les gorges de la Loire, de la Dordogne et de la Sioule, une grande diversité floristique d’affinité également méridionale comme l’Erable de Montpellier, la Germandrée petit chêne… En plaine, c’est le val d’Allier qui concentre la richesse floristique avec la Pulicaire vulgaire, la Marsillée à quatre feuilles, l’Orme lisse… La flore non vasculaire (algues, mousses…) est moins bien connue. Toutefois, certaines espèces commencent à être prise en compte dans la conservation de la biodiversité, comme les characées (algues) présentes par exemple dans des mares de l’Allier ou comme les bryophytes des sources minéralisées (Conardia compacta, Tortula cernua). L’Auvergne abrite aussi 5 mousses dont la conservation est d’intérêt européen (Bruchia vogesiaca, Buxbaumia viridis, Dicranum viride, Hamatocaulis vernicosus, Orthotrichum rogeri). Les plantes carnivores, comme la rossolis (Drosera) à feuilles rondes ou drosera, sont communes dans les tourbières. Dans les hautes plaines on trouve aussi les derniers témoins de l'ère glacière : la saule de Laponie, la linaigrette, la ligulaire de Sibérie, etc...
On peut également trouver la parnassie des marais dont les fleurs blanches ressemblent à celles de la renoncule, l'Andromède aux petites clochettes roses ou encore les jonquilles qui envahissent les champs au début du printemps, avant de laisser place aux narcisses... Sur les sols volcaniques, on trouve également la
porcelaine maculée, proche du salsifis ou œillet de Montpellier, aux pétales roses, profondément découpés. Une multitudes d'autres plantes, telles les pensées sauvages, les grandes gentianes, les colchiques d'automne et beaucoup d'autres fleurs toutes aussi communes et aussi belles...
L’Auvergne est la seule région de France, avec la Lorraine, à abriter des espèces de plantes de bord de mer à l’intérieur des terres. Seules des plantes spécifiques peuvent survivre au contact de ces eaux salées [ Voir les sources salées ]. Leurs graines ont sûrement été apportées par les vents et les oiseaux.
On trouve en Auvergne l’un des éventails de fleurs les plus larges d’Europe : quelque 4 500 espèces ! Les paysages sont parsemés d’aspérules, d’anémones soufrées, d’arnicas, de campanules, de valérianes, de compagnons rouges, de gentianes… Il est, bien sûr, impossible de les citer toutes ici, mais voici un très rapide aperçu de quelques fleurs que vous pourrez rencontrer çà ou là, au gré de vos promenades.
Préférant les bois et les prairies de montagne, le lis martagon est une plante vivace assez rare, qui fleurit entre juin et juillet. On pourra l’admirer sans la toucher, car elle fait aujourd’hui partie des espèces protégées. Au sommet de sa longue tige variant de 60 cm à 1,20 m de haut poussent six fleurs aux pétales rose pourpre ponctués de rouge. Cette fleur est aussi appelée « racine d’or », en référence à la couleur de son bulbe. Celui-ci servait de porte-bonheur, mais était également utilisé pour soulager les maux de dents des enfants.
L’Auvergne compte différentes sortes de gentianes, comme la grande gentiane ou gentiane jaune . Celle-ci vit sur les hauts plateaux, entre 800 et 1 500 m, jusqu’à un âge avancé de 50 ans. Il lui faut attendre 10 à 20 ans avant de prendre sa taille adulte et voir apparaître ses premières fleurs jaunes qui ne fleuriront que tous les deux ans. Ses solides racines, qui peuvent atteindre la largeur d’un bras, s’étirent à plus de deux mètres. Extirpées grâce à la "fourche du diable" par les "gentianaires", elles sont triées, nettoyées et broyées, puis mises à macérer. On connaît, bien sûr, la gentiane pour ses vertus médicinales (digestion, rhumatismes, etc.), mais aussi pour l’alcool, à consommer avec modération, de couleur dorée et à la saveur douce-amère, qui porte son nom. Il ne faut pas confondre la grande gentiane avec ses cousines, comme la gentiane acaule (plus petite et reconnaissable à ses bouquets de fleurs bleues), qui ne possède pas les mêmes propriétés.
L’ anémone soufrée pointe, dès la fonte des neiges, sur les pentes des monts Dore et du Cantal. Elle doit son nom au jaune soufré de ses fleurs. Très proche de l’anémone des Alpes, elle s’en distingue par sa prédilection pour les sols acides. Elle se hisse élégamment sur sa tige entre mai et juillet, mais une fois la floraison terminée, des graines ébouriffées succèdent aux pétales étincelants.
Les nombreuses petites fleurs en forme d’ombrelle de la grande astrance lui donnent un aspect rayonnant, d’où l’origine de son nom, aster (« étoile » en latin comme en grec). Sa racine, cueillie la nuit de la Saint-Jean, était placée dans les étables pour protéger, telle une bonne étoile, le bétail des maladies et des accidents.
L’ herbe du Mézenc ne se retrouve en Auvergne que dans le massif du Mézenc, en Haute-Loire, dans les rochers et dans les éboulis. Ses fleurs sont jaune foncé et ses feuilles argentées. En Auvergne, on rencontre fréquemment des variétés de dactylorhiza . Leur taille varie de 20 à 80 cm. De couleur rose pâle en passant par le pourpre et le violet, ces fleurs en épi adoptent une forme conique ou cylindrique.
Forêts et sous-bois
Certains arbres, comme le hêtre et le chêne, sont particulièrement caractéristiques de l’Auvergne. De manière générale, les hêtraies succèdent aux chênaies quand l’altitude augmente. Elles prolifèrent dans les Bois Noirs, le Livradois et le Forez, et se retrouvent également dans les monts Dore, où elles sont remplacées par des prairies parsemées de petits arbustes lorsque le climat devient trop rude et freine la prolifération d’une végétation abondante. Les chênes choisissent les vallées profondes de la Châtaigneraie cantalienne, où ils cohabitent avec des châtaigniers . Ils sont très nombreux dans le Bourbonnais, et dans la non moins célèbre forêt de Tronçais , où les arbres, dont les troncs atteignent 30 à 40 m, sont d’une qualité exceptionnelle. L’importance du chêne dans la région a fini par marquer la toponymie : c’est pourquoi les noms tels que Chassaigne, Chassagne, Chassaing, Chastang qui signifient « forêt de chênes » ne sont pas rares dans les annuaires…
On trouve également en Auvergne des sapinières dans les Bois Noirs, des épicéas , des forêts de pins sylvestres et de pins de boulange dans le Velay (la pinatelle du Zouave en est un bon exemple). Ces pins, appelés ainsi parce que leur bois alimentait les fours des boulangeries, ont des formes étonnantes. Leur tronc tortueux est dû à une technique d’élagage, et leurs allures de grand bonsaï, attirent nos regards étonnés.
Une végétation luxuriante pousse dans la plupart des sous-bois. Ceux-ci font aussi le bonheur des nombreux ramasseurs de champignons qui y trouvent cèpes, chanterelles, girolles, morilles…
Sur les hauts plateaux de l’Aubrac et du Cézallier, les arbres sont beaucoup plus rares, compte tenu de la rudesse du climat et de la force des vents. Ainsi, de rases pelouses recouvrent ces vastes étendues. La végétation de la chaîne des Puys diffère selon l’exposition des versants. Les versants nord et est sont couverts de noisetiers , alors que le versant sud est plus érodé et dénudé.
Tourbières
Les tourbières constituent un milieu naturel très particulier. Elles occupent des cuvettes naturelles formées à la période glaciaire, principalement en altitude, là où les précipitations sont abondantes. La matière organique qui se développe dans ces marais gorgés d’eau stagnante ne se décompose pas ou peu. Elle s’entasse et forme progressivement un minéral fossile appelé tourbe . Les conditions de vie dans ce milieu naturel sont particulièrement contraignantes : la tourbière est acide et froide, son sol est pauvre en aliments nutritifs, et ses habitants (faune ou flore) doivent faire preuve de grandes qualités d’adaptation.
L’Auvergne compte quelque trois cents soixante-dix sept tourbières. Le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne en accueille à lui seul 133, le Puy-de-Dôme soixante-quatre et le Cantal cinquante-trois. Un arrêté préfectoral protège six d’entre elles, mais seule la tourbière des Sagnes de La Godivelle est classée réserve naturelle.
La plante la plus à l’aise dans les tourbières est la sphaigne . Elle ne supporte pas de pousser ailleurs. Grâce à ses capacités de croissance et d’évolution rapides, elle forme des colonies qui occupent un tel espace qu’elles en chassent les autres espèces. La sphaigne meurt par sa base et se régénère sur ses parties mortes.
La dactylorhiza , la linaigrette , que l’on trouvera également en tapis cotonneux dans le cirque de la vallée de la Fontaine Salée (massif du Sancy), la canneberge et l’andromède habitent aussi ces marais. Ces dernières sont des variétés plus petites de leur espèce, vivant à même le sol pour se protéger du froid.
De petite taille (5 à 15 cm), le droséra ou "rossolis" (rosée du soleil) est particulièrement répandu dans les marais. Cette plante témoigne d’une adaptation étonnante : elle est en effet devenue carnivore pour pallier le manque d’azote des tourbières, et possède des feuilles couvertes de poils qui capturent les insectes. Fatale aux moucherons, elle se révèle plus douce pour l’homme qui l’utilise comme calmant de la toux.
Quant à la ligulaire de Sibérie, elle se rencontre dans les zones tourbeuses du Puy-de-Dôme, comme le lac de Bourdouze. Elle se caractérise par de larges feuilles et de nombreuses fleurs, semblables à de petites marguerites jaunes, rassemblées en épis. La modification des milieux naturels et l’intensification des pratiques agricoles ont malheureusement eu pour conséquence la raréfaction de cette espèce, désormais protégée.
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LA GENTIANEPlante en abondance sur les hauts plateaux, à des altitudes variant entre 800 et 1500 mètres. Sa racine, qui renferme les principes actifs, atteint la grosseur du bras et s'enfonce profondément dans le sol. En vous promenant vous pourrez rencontrer les "gentianaires", hommes venant, en grande majorité, du sud de l'Europe, pour arracher ces plantes à l'aide d'une fourche à long manche. Les racines triées, nettoyées et broyées sont mises à macérer dans les alcools sélectionnés. Mise en bouteille, cette macération donne l'apéritif du même nom... |
Source : Conservatoire des espaces naturels d’Auvergne
■ Voir aussi...
• La flore en milieux naturels en
Auvergne
• La faune en Auvergne
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