Les sources pétrifiantes qui arrosent le quartier Saint-Alyre ont fait jaillir au cours des siècles d’étonnants phénomènes comme ce pont naturel qui suscita une si grande curiosité...
Ces sources résultent d'une originalité géologique. Elles sont devenues, au fil du temps, une curiosité naturelle à partir de laquelle s'est élaboré, en sept générations, un métier d'art : l'incrustation sur moulage : œuvres classiques, régionales ou contemporaines. Des sources comme nos volcans : puissantes, secrètes, aux origines profondes et indissociables de l'histoire géologique d'Auvergne. Bien avant leur connaissance scientifique ces eaux suscitèrent légendes et croyances et dès la fin du XVIIIème siècle l'homme s'ingénia à la domestiquer. La mise en place de techniques et l'élaboration d'un savoir-faire débouchèrent sur un artisanat totalement original : l'incrustation sur moulage.
Au fil des décennies, un métier d’art original a été mis au point. En 1665, Fléchier écrit, dans Mémoires sur les Grands Jours d’Auvergne : "Les feuilles et les bâtons qui tombent par hasard ou que l’on jette exprès dans cette eau, durcissent insensiblement et se couvrent d’une écorce…". L’idée est née. Peu à peu, au lieu d’avoir des dépôts anarchiques et grossiers, on s’essaie à des réalisations plus harmonieuses. En 1734, Chomel, dans son Traité des eaux minérales, évoque "des grappes de raisin, des tiges de bouillon-blanc et d’autres plantes pétrifiées". Il restait à aménager les fontaines pour favoriser le dépôt, ce que s’empresse de réaliser le sieur Clémentel, propriétaire de l’ensemble des sources. Un petit artisanat d’art apparaît qui ne va cesser de se perfectionner. Aux environs de 1830, la propriété se partage par héritage en deux, séparant la fontaine des grottes du Pérou (peïrou, en auvergnat, signifie la pierre) de celle du Pont naturel utilisée en source thermale*. En 1932, les descendants de M. Clémentel vendent la fontaine des grottes du Pérou à la famille Papon (alors propriétaire des sources de Saint-Nectaire) qui l’exploite encore aujourd’hui.
Le principe? Lors de l’arrivée de l’eau à l’air libre, le carbonate se précipite sous forme de cristaux aux grains grossiers puis de plus en plus fins. À partir de ces observations, des installations, bassins et échelles sont construits et un long travail de patience, de recherche et d’essais est mis en œuvre pour obtenir des résultats de plus en plus artistiques. Au début, on procédait au recouvrement des objets par quelques millimètres de calcaire. La seule intervention consistait à les retourner régulièrement pour obtenir un dépôt uniforme. Des animaux naturalisés furent également pétrifiés puis des mannequins habillés de costumes locaux (que l’on peut voir encore sur la pelouse de l’établissement). Au début du XIXème siècle, une nouvelle méthode de travail, beaucoup plus complexe, commence : l’incrustation sur moulage, qui consiste à obtenir un dépôt très fin et extrêmement régulier sur un moule qui fut d’abord en soufre puis en gutta-percha (une gomme végétale naturelle), réalisé à partir d’un original en cuivre.
La méthode s’est perfectionnée au fil des ans jusqu’à obtenir des bas-reliefs quasiment translucides, d’une couleur proche de celle de l’ivoire. Cette teinte est donnée par l’oxyde de fer contenu dans l’eau que l’on épure plus ou
moins, selon le résultat désiré, en la faisant circuler dans des canaux remplis de copeaux de bois. Ce savoir-faire acquis au cours des deux siècles précédents continue à produire des tableaux traditionnels, illustrant pour la plupart des scènes de la vie paysanne. Il s’est mis au service aussi de la création contemporaine. Des artistes, issus notamment de l’Ecole des Beaux-arts, se sont intéressés à la richesse des possibilités offertes par ce phénomène naturel, pour élaborer des œuvres personnelles et originales dans le monde de l’art d’aujourd’hui...
Si les fontaines pétrifiantes de Saint-Alyre sont fermées à la visite, il est néanmoins possible de visiter celles de Saint-Nectaire ou de Gimeaux, près de Riom.
Dans le parc : promesse d'éternité...
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Le démoulage : jour "J" après 5 à 16 mois de manipulations quotidiennes.
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Saint-Nectaire
Dans la région de Saint-Nectaire, les profondes fractures ont permis la remontée du magma volcanique en provenance du manteau supérieur. Ce magma profond, en cours de refroidissement entretient un fort flux de chaleur dans le sous-sol. Quand l’eau des précipitations s’infiltre, elle se réchauffe rapidement et dissout les éléments minéraux (calcium, sodium, fer …) des roches qu’elle traverse. Entre 3000 et 4500 m de profondeur, l’eau chaude se mélange rapidement au dioxyde de carbone.
Allégée par le gaz ascenseur, après environ 40 années de parcours souterrain, elle retrouve la surface en suivant les fractures.
Au sortir des fissures, les sources sont captées, canalisées dans un réseau de galeries souterraines et acheminées vers l’échelle de pétrification. En créant de petites cascades les échelles provoquent une forte ventilation de l’eau qui accentue le dégagement de CO² et permet au calcaire de se déposer dans les moulages.
Gimeaux
Plusieurs sources sont visibles dans le village de Gimeaux : la source du Puits qui bout aussi appelée source du Puits du Ceix, la source du bourg et les fameuses sources pétrifiantes. Celles-ci sont captées depuis le 19ème siècle pour la pétrification d’objets.
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