Un village où il fait bon vivre...
FOCUS |
Département | Haute-Loire |
Code Postal | 43330 |
Arrondissement | Yssingeaux |
Intercommunalité | communes Loire et Semène |
Population | 1902 h. (environ) |
Altitudes moyennes | 552 m.803 m |
Cours d'eau | La Semène |
Type | commune urbaine |
Gentilés | Pontois / Pontoises |
Mairie | 04 77 35 51 25 |
|
|
Localisée sur les berges de la rivière Semène, Pont Salomon se situe à la lisière Est du département de la Haute-Loire. Son histoire récente la rattache cependant davantage à la vallée de l'Ondaine, dans la Loire, important foyer industriel. La genèse de Pont Salomon est intimement liée à la fabrication des lames de faux (ou faulx). Comme la plupart des communes du Velay, elle bénéficie d'un climat chaud et tempéré, cependant les précipitations sont importantes.
Pont Salomon, le pont du mont du sel selon l’étymologie, un petit lieu-dit d’une centaine d’habitants, situé sur deux provinces le Forez et le Velay, écartelé entre trois communes, devient en une vingtaine d’années, de 1842 à 1865, un village-usine de 1 300 âmes doté d’une mairie et d’une église. Cette mutation tient à un nom : les usines de faux Dorian. Avant 1842, année de la mise en fonctionnement du premier atelier sur les bords de la rivière, Pont Salomon, dont l’existence fut avérée dès le milieu du XVIème siècle, ne comptait qu’une centaine d’habitants : meuniers et papetiers, paysans sur les plateaux, renforts ou voituriers pour aider les attelages hippomobiles à monter les côtes de la route royale ou impériale Lyon-Toulouse qui traversait le village en franchissant la rivière par le pont construit sous Louis XV vers 1758, il remplace un ancien pont bicentenaire, érigé vers 1563, puisque c’est cette année qu’est mentionné pour la première fois le toponyme Pont Salomon dans le terrier de Saint-Didier.
HISTOIRE
Les premières mentions du lieu-dit sont orthographiées de la façon suivante : Pont Salamon ou Le Pont Sallamon. Le nom de la commune ne doit rien au monarque biblique, et encore moins au viaduc qui enjambe la vallée et qui date de la fin du XXème siècle. Louis Mandrin aurait utilisé les lieux dans le cadre de la contrebande de sel. Le commerce de sel était, en tous cas, lié à une des origines étymologiques du lieu : Pont Salomon signifierait le pont (lieu de rencontre, de contact, d'échange...) des sauniers(1).
Le village de Pont Salomon est mentionné pour la première fois au milieu du XVIème siècle. À cette date, plusieurs moulins existaient déjà dans ce lieu, certains d'entre eux étaient probablement des moulins à soie liés à l'importante activité de tissage de la soie qui existait alors dans la ville voisine de Saint Didier. L'utilisation des ressources hydrauliques locales ne cessèrent de se développer par la suite, s'adaptant aux développements industriels successifs. Au XIXème siècle, Pont Salomon devint un village-usine. Il fut conçu selon les principes du fouriérisme(2) par Pierre-Frédéric Dorian et ses successeurs a vu le jour au cœur du XIXème siècle : de simple lieu-dit, il est devint commune, puis paroisse par la volonté des industriels locaux. Pont Salomon est certainement l'un des derniers lieux en France où l'épopée de l'ère industrielle reste encore parfaitement lisible : ateliers (dont une forge du XIXème siècle équipée de martinets hydrauliques, actuel Musée de la faux et de la vie ouvrière), biefs, école, église, logements et jardins ouvriers jalonnent un site particulièrement riche et bien conservé. L'Association de la Vallée des forges assure la valorisation de ce patrimoine au travers de ses recherches et publications. Dans ce village, l'artiste Pierre Andrès (1922-2011) créa "Les Machines singulières" pendant plus de vingt ans (1982-2005) dans une ancienne usine d'outillages agricoles qu'il avait transformée en atelier de menuiserie.
L’époque Massenet (1842-1854)
En 1842, un industriel, Alexis Massenet, père du compositeur Jules Massenet, décide de délocaliser son usine de faux et faucilles établie à La Terrasse, commune de Montaud, près de Saint-Etienne dans la Loire, à une trentaine de kilomètres du lieu-dit altiligérien. Cette usine qu’il avait installée en 1839, venant de Toulouse où il avait créé la première usine de faux en France en mars 1815, présentait de graves lacunes, dont celle, entre autres, de fonctionner à la vapeur. Cette force motrice des martinets était plus onéreuse que la force hydraulique utilisée par ses concurrents, dont Pierre-Frédéric Dorian qui utilisait l’eau du Furan dans son usine des Balaires à Rochetaillée en amont de Saint-Étienne. Pont Salomon était le lieu idéal pour l’implantation de sa nouvelle usine, car peu éloigné de la ville industrielle qui lui fournit le charbon et l’acier, et traversé par une grande route qui facilitait le transport. Associé aux frères Jackson, d’importants aciéristes anglais établis entre Saint-Chamond et Rive-de-Gier dans la Loire, il acheta en 1842 et 1843 trois papeteries au Pont, Chabanne, le Foultier-haut, et un moulin au Vieux Moulin. La production annuelle varia entre 250 et 300 000 faux pour 100 000 faucilles. Les quatre ateliers employaient environ une centaine de forgerons, dont huit allemands et six autrichiens aux postes les plus techniques, et vingt
marteaux tapaient dans la vallée (deux étireurs, dix-huit platineurs). L’usine de La Terrasse continua de fonctionner jusqu’en 1859 avec un marteau platineur et six marteaux planeurs.
L’époque Dorian : création de la commune puis de la paroisse de Pont-Salomon.
Pierre-Frédéric Dorian avait monté à Rochetaillée une usine de faux avec l’ingénieur Dumaine. Il devint le gendre du célèbre aciériste Jacob Holtzer qui au Vigneron près de Firminy, fonda selon les techniques allemandes. En 1856, il devient actionnaire dans les usines de Pont-Salomon, et créa la célèbre société d’outils agricoles Dorian-Holtzer, Jackson et Cie. Il achetai trois nouveaux sites en aval des ateliers Massenet, une ferme, un moulin et une papeterie au lieu-dit Le Foultier-bas, qui deviendra l’Alliance, un petit moulin à La Fraque, un moulin et une ferme à La Méane. La Fabrique de faux comprenait alors sept usines étirées sur près de trois kilomètres le long de la rivière. L’apogée se situa entre les guerres de 1870 et 1914, avec une production annuelle de 400 000 faux pour une production nationale d'un million. Environ 400 ouvriers y travaillaient, dont près de 300 sur l’imposant site de l’Alliance qui comptait quatorze bâtiments. Pendant la guerre de 1870 l’usine fabriqua 45 680 sabres, son principal actionnaire était Ministre des Travaux Publics, chargé d’organiser la défense de la capitale.
Le village explosa démographiquement, et très vite trois problèmes se posèrent. Le premier fut celui de l’hébergement des nouvelles familles. Au sous-sol de cette immense bâtisse furent installées la première école qui fonctionna en 1861, avec trois instituteurs frères et une institutrice religieuse, logés et rétribués par les usines, (gratuité pour les enfants, filles ou garçons, des ouvriers) et, à côté, la chapelle desservie par un aumônier payé lui aussi par les usines. Cette dernière disparut en 1872 avec la création de la paroisse et l’utilisation de la nouvelle église construite en 1870, l’école fut transférée le 1er mai 1916 dans le nouveau groupe scolaire, avec mairie au centre, payé par les usines. A leur place la Coopérative des usines s'installa où les ménagères trouvaient quantité de produits variés à bas prix. Le deuxième problème fut d’ordre administratif : avec plus de 1 000 habitants il devint difficile d’être partagé entre trois communes. Ce furent les usines de faux qui, sous la houlette de leur Directeur local, Fleury Binachon, firent pression et obtinrent du Préfet la création de la commune le mercredi 12 juillet 1865. Quant au troisième problème, religieux, il fut plus difficile à résoudre avec l’évêque du Puy, Mgr. Le Breton. Il fallut que les usines construisent l’église pour que l’administration ecclésiastique accepte la création de la paroisse, qui ne fut effective que le 24 juillet 1872, sept ans après la commune. Les usines avaient déjà payé la construction du cimetière où les premières inhumations eurent lieu en 1868, et du presbytère (l’actuelle mairie) en 1871...
PATRIMOINE RELIGIEUX
De style néo-roman, elle fut construite entre 1867 et 1870 par les ouvriers de la faulx et financée par l’entreprise. A voir : la grande croix, les vitraux, l’autel et bien d’autres symboles qui font référence à la fabrication de faulx et à ses Hommes.
PATRIMOINE CIVIL
Le musée
Depuis longtemps utilisée pour son énergie douce par les meuniers et les papetiers, la rivière Semène devint à partir du milieu du XIXème siècle le moteur d’un actif foyer de production industrielle, avec la dissémination d’ateliers et de forges qui investissent sept sites distincts. C’est la genèse du village-usine de Pont Salomon, qui forgea son histoire sur la fabrication de faux et faucilles. De cette époque jusqu’à l’arrêt définitif de la fabrication des faux en 1998, les techniques de production ne furent jamais modernisées, ce qui explique la pérennité d’ateliers, de machines, d’outils et de bâtiments particulièrement représentatifs du XIXème siècle industriel. L’atelier du Foultier, actuellement "Musée de la faux et de la vie ouvrière", entretenu par les bénévoles de l’association. On peut y découvrir entre autres une batterie de martinets (marteaux hydrauliques) en fonctionnement, mais aussi tout le mobilier industriel complémentaire. Outre ses collections de lames de faux, le musée a également vocation à présenter la vie ouvrière au début du XXème siècle. Une salle de classe d’époque se visite. Autre intérêt du site: la préservation d’un village-usine issu d’une volonté patronale liant intimement habitat, école, loisirs et lieu de culte à l’activité professionnelle. L’entreprise s’est non seulement muée en ménageur du territoire, mais est également à l’origine de la création de la commune et de la paroisse de Pont Salomon !
Mais aussi.
Biefs, canaux, bassins de retenue, vannes, centrales électriques, l'une des premières toitures en shed de France,
Jardins ouvriers, lavoirs,
Viaduc de Pont Salomon sur la RN 88...
PERSONNALITÉS LIÉES A LA COMMUNE
- Alexis Massenet (1788-1863) établit les premières forges, en transformant d'anciens moulins,
- Pierre-Frédéric Dorian (1814-1873) et Alexis Massenet sont deux industriels qui contribuèrent au développement du village. Pierre-Frédéric Dorian, associé aux frères Jackson et à son beau-père Jacob Holtzer, fut à l'origine de l'essor de la commune,
- Pierre Andrès (1922-2011) artiste contemporain auteur de Machines singulières,
- Roland Romeyer (1945) président du directoire de l'ASSE.
(1) - Un saunier (anciennement saulnier) ou paludier est un travailleur récoltant le sel dans des marais salants. Le mot de saunier désigne aussi les récoltants de sel qui travaillaient dans les sauneries, où ils obtenaient le sel en chauffant l'eau sur des feux de bois.
(2) - Système philosophique et sociopolitique de Charles Fourier (1772-1837), selon lequel les hommes doivent vivre heureux, avec des occupations correspondant à leurs tendances, à leurs passions, dans le cadre de groupements harmonieux.
■ Visite(s)
conseillée(s)
• Le musée de la faulx
|