A Domérat, le musée de la vigne met en lumière un passé glorieux...
Haut lieu de la vigne autrefois, la commune de Domérat a encore quelques vignerons sur son territoire. Pour rendre hommage aux anciens et ne pas laisser les outils à l'abandon, un musée de la vigne a été créé dans le parc de La Pérelle. Visite à travers cinq objets. Ce musée doutillage viti-vinicole local retrace la vie rurale du Bourbonnais et ayant comme thème principal, les vignobles des environs de Montluçon. Une grande diversité de matériels et d'outillages de travail est présentée dans les anciennes écuries du Château de la Pérelle (tonnellerie, vinification...).
Pendant des siècles, Domérat a été un haut lieu de production viticole. En 1984, Marcel Berthommier, adjoint à la culture, fut à l’origine de la création du musée de la vigne. Implanté dans une dépendance du château de la Pérelle, il est aujourd’hui géré par l’association Traditions du vignoble domératois. Présidée par Christiane Halté, elle compte soixante-dix adhérents. Beaucoup de vignerons avaient du matériel. Cela faisait mal au cœur de les jeter, souligne Daniel Costa, l’un des membres de l’association.
Visite libre pour les groupes uniquement. Installé dans le parc de la Pérelle, le musée présente l'outillage de la vigne et du vin dans la région de Montluçon : outils de travail du sol, de plantation et de taille, récipients de vendanges et de vinification. L'on peut admirer un magnifique alambic et un pressoir à vis de bois, datant d'environ trois siècles, qui font partie des plus belles pièces du musée...
Une projection évoque avec nostalgie les anciens travaux de la vigne et le destin du vignoble des environs de Montluçon. À côté du musée, la vigne du clos de la Pérelle est composée de 400 ceps plantés en 2000 (cépages locaux : gamay, pinot noir, chardonnay, goug et verdurant). Son entretien est assuré par les membres de l'association "Traditions du vignoble domératois"...
HISTOIRE DU VIGNOBLE
L'existence des vignes à Domérat est très ancienne, la preuve est le pressoir de Prunet qui daterait de l'an mille; mais le premier texte connu date de 1120 : "Archambaud, diacre et abbé du Dorat (Haute Vienne) abandonne entre 1120 et 1140 aux moines de l'abbaye de Bonlieu (Creuse) les dîmes de grains et de raisins de Domérat avec faculté pour les religieux de vendanger quand bon leur semblera". A la même époque, Guillaume de Bourbon donna également ses terres et vignes situées près de Couraud à l'abbaye de Bonlieu.
En 1436 on apprit que le prieuré de Domérat fournissait 20 hl. de vin à Evaux. Jusqu'au XVIIème siècle le vin de Domérat s'écoula en direction de la Marche et la vigne fut en passe de devenir la principale culture.
En 1731 un arrêté interdit la plantation de nouvelles parcelles et le rétablissement de celles qui ont été laissées à l'abandon depuis plus de 2 ans, car on craignait que la vigne ne vienne concurrencer la culture des céréales. A la révolution le vignoble connut d'importantes transformations : la vente des biens nationaux conduisit à un dessaisissement du clergé, mais dans la plupart des cas, les vignerons ne purent se porter acquéreur. En effet, il s'agissait de grands domaines et ne connaissant pas la possibilité de morceler les biens, ils leur échappa. Au mieux ils purent acheter en seconde mains quelques parcelles. Les nouveaux propriétaires résidaient désormais à Montluçon ou en Creuse.
Après les guerres napoléoniennes on manquait de bras pour cultiver le vignoble qui s'étendait alors sur près de 800 ha. Des catastrophes naturelles jalonnèrent la première partie du XIXème siècle. En 1815 la récolte fut entièrement détruite par le gel, 1800 personnes se retrouvèrent sans ressource ; les années 1817, 1842 à 1845 ne furent guère mieux. Malgré tout, la gare de Domérat ouvrit en décembre 1864 pour exporter, vers le Limousin, les 50.000 hl. de vin produits.
Dans les premières années de la IIIème République, les propriétaires Creusois insatisfaits de l'irrégularité des revenus de leurs terres mirent leurs biens en vente. La plupart trouvèrent preneurs chez les petits vignerons-métayers qui s'endettèrent. Le vin se vendit cependant très bien, ils payèrent assez rapidement leurs dettes. Ce transfert de propriété allait cependant révéler ses limites au gré des partages et successions entre enfants, on arriva ainsi, à compter jusqu'à 20.000 parcelles après la seconde guerre mondiale. Avec les années 1875-1900, les vignerons, dont beaucoup venaient d'acquérir leurs terres, virent s'accumuler les difficultés avec le développement du mildiou de 1862 à 1882 et comme point d'orge la crise dévastatrice du phylloxera à partir de 1886. Toutes les tentatives pour sauver la vigne furent vaines, il ne restait plus qu'a arracher les ceps et repartir de zéro. Grâce à l'action de plusieurs professeurs d'agriculture, dont Lucien Chambon et à l'aide du
département, la reconstitution du vignoble du département est menée à bien en quelques années.
En 1891 un syndicat d'études viticoles du département de l'Allier est créé, il a son siège à Domérat .
A Prunet le syndicat viticole de Boisdijoux fut mis sur pied par Jules Rougeron; plus d'une centaine de vignerons y adhérèrent. Ils purent ainsi regrouper leurs achats de plants, de matériel et de produits nécessaires au travail de la vigne.
En 1893 les plants contaminés furent arrachés et la même année on commença à planter la première vigne sur fil de fer. Certains vignerons choisirent une rénovation complète de leur vigne, d'autres en difficultés financières se contentèrent d'un arrachage progressif au rythme du dépérissement des vieux plants. Après avoir brûlé les souches, il fallut défoncer totalement la terre sur plus de 60 cm. Travail épuisant avec pour conséquence immédiate, la privation de tout revenu pendant au moins 3 ans.
A coté des clos anciens, un nouveau vignoble vit le jour, constitué de parcelles plus grandes sur des terrains en pente régulière et disposant d'une bonne exposition. On replanta des cépages Français, le Gouget et le Gamay. On installa des filets de vignes avec piquets de bois, fil de fer et tendeurs. on parlait alors de culture sur cordon et on abandonna la culture sur billon. Le travail de la vigne connut une mutation profonde : on délaissa les travaux réalisés exclusivement à la main; pour permettre le recours aux animaux de trait, on augmenta l'écartement des filets qui permettaient d' utiliser charrue vigneronne et bineuse tirées par une mule. Il fallut cependant, introduire deux travaux supplémentaires pour ce nouveau mode de culture à savoir: le buttage avant l'hiver pour protéger la greffe du gel et le débuttage au printemps.
A partir de 1906-1908 on put considérer que le vignoble Domératois était entièrement reconstitué, on comptait alors 1300 ha. de vigne soit le tiers de la surface communale. Domérat fut promue première commune viticole du département loin devant Huriel. En 1910 le mildiou fit un retour en force et ravagea le jeune vignoble. Les trois quart des vignerons furent criblés de dettes. Face au désespoir, J. Rougeron estima qu'on pouvait vivre de la vigne mais en la travaillant autrement, en produisant autre chose, en développant des activités annexes pendant la morte saison. Il organisa avec G. Vernade, directeur de l'école de garçons, des cours de greffage et de taille de la vigne ou des arbres fruitiers. Pour procurer un complément de revenus aux vignerons et leur donner de l'activité en morte saison il lança l'idée de la confection d'objet en vannerie. Les séances débuteront avec huit membres sous les ordres d'un moniteur venu d'une école située en Haute-Marne. On parla de créer une oseraie
d'un hectare et de trouver des débouchés pour les paniers et autres objets confectionnés au-delà de Montluçon. L'Espérance (ainsi se nommait l'association de vanniers) obtint un premier prix au concours agricole de Montluçon. Les hottes, les malles, les paniers trouvèrent preneurs au-delà du département. L'expérience qui paraissait viable tourna court après le départ du moniteur. Il ne resta que cinq personnes pour reprendre les cours après les vendanges qui se révélèrent mauvaises.
Lorsque la grande guerre éclate le vignoble Domératois qui couvrait 1300 ha. en 1908 ne comptait plus que 1000 ha. Les vignes ne furent pas délaissées pour autant car il fallait produire plus de vin pour entretenir le moral des "poilus"; les vieux reprirent du service tandis que les femmes remplacèrent les hommes. En 1917 seul, 621 ha. furent déclarés cultivés. En 1935 il ne restait que 654 ha., le vin Domératois ne faisant pas recette au-delà de la Creuse voisine. Pendant la seconde guerre mondiale le vignoble connut un éphémère sursaut. Avec les restrictions, beaucoup d'ouvriers achetèrent des vignes abandonnées et se mirent à les cultiver. Les incitations gouvernementales prises dès 1946 conduisirent à la suppression de quelques clos parmi les plus médiocres, d'autres furent reconvertis en vergers, d'autres situés près des routes en terrains à bâtir. En 1954 un décret créa une indemnisation pour la disparition des vignobles de mauvaise qualité. En 1956 il ne resta que 304 ha. et en
1961 on tombe à 208.
En 1970 au moment du remembrement on ne recensait plus que 135 ha. plantés en vigne, fin 1980 il ne restait qu'une dizaine d'ha., pour ne pas laisser disparaître à tout jamais la mémoire de ce qui fut la plus grande commune viticole du département deux initiatives ont vu le jour :
- en 1984 fut inauguré " le musée de la vigne et du vin" dans les locaux rénovés des communs du château de La Pérelle .
- fin 1999 la naissance de l'association "TRADITIONS DU VIGNOBLE DOMERATOIS" fut créée pour perpétuer la mémoire du vignoble.
ÉQUIPEMENTS ET SERVICES
- Animaux acceptés.
DATES ET HORAIRES DES VISITES
Ouvert de mai à fin septembre,
les dimanches et jours fériés de 15h00 à 17h00
Autres périodes sur rendez-vous.
Visites libres.
Source partielle : La Montagne (quotidien)
■ Visite(s) conseillée(s)
• Le Château de Vignoux à Domérat
Edifié au XVIIème siècle à l'emplacement d'une forteresse plus ancienne, remontant au XIIIème siècle, le château a été modifié au cours du XVIIIème siècle par l'agrandissement des baies. Seule l'aile des communs a conservé ses proportions d'origine. Le château se compose d'un corps de bâtiment allongé avec deux petites ailes en retour sur le côté cour. Deux tours circulaires encadrent le corps de logis principal, témoignant de l'ancienne destination défensive de l'édifice. A l'intérieur, la chambre d'Hercule conserve une cheminée en bois et des boiseries. Le grand salon est entièrement recouvert de boiseries dans un style rappelant celui du XVIIIème siècle. A l'est, une vaste terrasse est plantée d'un jardin créé au début du XXème siècle, inspiré du goût italien. Ce bâtiment présente une forme d'habitation
rurale dont il est rare de trouver des exemples aussi bien conservés.
(Propriété privée : ne se visite pas)
• Église Notre-Dame
L’église Notre-Dame fut construite sur d’anciennes parties du XIIème siècle, conservées lors de sa restauration entre 1860 et 1865. Elle est surtout célèbre pour sa crypte du XIème siècle dans laquelle on peut trouver une statue de Notre-Dame de la Râche. L’église en elle même est simple. L’entrée de la crypte se fait par le côté gauche du chœur, la sortie du côté droit à été murée. Quelques peintures anciennes, quelques statues et chasses donnent à l’ensemble une atmosphère sereine.
La Crypte est l’une des plus anciennes du Bourbonnais, elle s’étend sous tout le chœur, à l’emplacement d’une nécropole mérovingienne. Véritable petite église, elle comprend trois nefs de cinq travées, voûtées d’arêtes. Ces voûtes retombent, dans le vaisseau central, sur des colonnes à chapiteaux simplement épannelés, autrefois peints, et à socle bagué.
La crypte fut bâtie aux environs de 1090. L’évolution de Domérat est liée à cette église, construite grâce à la présence des moines qui ont planté de la vigne sur le terroir. La lèpre fit son apparition en 1195, et les habitants du pays se tournèrent vers celle qui aurait pu les aider, Notre-Dame. Une statue lui fut dédiée, qui s’appellera Notre-Dame de la Râche, puisque dans le patois du pays, la léproserie était baptisée la “Râcherie”. On construisit alors de petites chapelles autour de cet enclos, au champ des chapelettes. Lorsqu’avec le temps la maladie disparut, la statue fut conduite dans la crypte actuelle. Petit à petit naitra la dévotion qui portera sur les maladies ressemblant à la lèpre. La vierge en bois sera, à la fin du XVIème siècle, remplacée par une statue en pierre, la vierge à l’oiseau, réplique semble-t-il de l’originale. Mutilée à la révolution, elle fut restaurée en 1971.
Le rituel se déroule selon une tradition antique, avec cette phrase prononcée :” dépouillez-vous du vieil homme pour vous revêtir de l’homme nouveau. Dans la crypte, certains points permettent de recevoir le son amplifié. Ces points sont situés sur un croisement du réseau Hartmann. Le son envoie des vibrations qui sont senties jusque dans le chœur situé au dessus.
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